Histoire d’une restauration (d’un livre ancien)


Bonjour,

« Storia di un restauro »

Voici en deux parties les différentes étapes de la restauration d’un livre ancien, à savoir ici une Bible en latin imprimée à Paris en 1565. Un bel exemple de restauration proposé par l’atelier librairie Simon Mago (« le magicien ») sis en Italie à Putignano. Ce film permet de bien voir comment un livre ancien est composé.  On regrettera (un peu) l’absence d’explications (même en italien) en se laissant bercer par la douce musique de fond !

Léo Mabmacien

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15 réflexions au sujet de « Histoire d’une restauration (d’un livre ancien) »

  1. Très instructif. Merci. Si je tenais la souris qui a fait çà, elle passerait un mauvais quart d’heure !

  2. bon allez, je me tente un sous titrage (mais pas en italien):
    Film 1.
    Examen général du livre
    1m10s :
    : (coiffes arrachées, coins abimés et plats frottés, un angle rongé avec atteinte au corps d’ouvrage,
    1min44s : on voit les restes de la tranchefile (important à examiner pour refaire à l’identique, claies en parchemin)
    2min: Piquage des cartons à trois trous
    2min15s : Mouillures, moisissure et galeries de vers sur le papier
    2min30s: coutures fragilisées
    3min10s: vérification sur une partie marginale des notes manuscrites que ces dernières tiendrons lors du passage dans le bain.
    Début de la restauration
    Min 4 et 5, dépose du cuir (on note au passage qu’il n’y a pas de carte à dos)
    Min 7, démontage des cartons
    Min 8, dépose des claies de parchemin en « muraille »
    8min35 : c’est l’endroit on l’on aperçoit le mieux la structure des restes de la tranchefile (ne me semble pas cousu dans le parchemin, sans être catégorique au vu de la qualité des images. Voir aussi à 9min20s). On voit aussi assez bien la couture sur simple nerfs.
    9min55 : dépose des gardes

    Film 2 :
    15s. Coupe la couture pour chaque cahier
    45s. dépose du premier cahier, puis ensuite de l’ensemble du corps d’ouvrage
    1min. Le livre entièrement démonté avec le corps d’ouvrage décousu, les restes de ficelles et fils de couture, les claies, le cuir et les cartons.
    1min25: On enlève les résidus de poussière avec un pinceau
    1min45:on plonge les feuillets dans un bain pour combler les trous avec de la pulpe de papier / cellulose ? (à confirmer, je n’ai jamais vu cette technique.)
    1min55: on sort les feuillets et on les dépose sur du papier buvard
    2m04: on met à secher
    2min 15 : on enlève soigneusement le buvard
    2min35 : le résultat de la restauration du papier
    3min20 : couture des cahiers
    3min50: Pose de nouvelle claies.
    4min20: mise sous presse
    4min40 : confection de la tranchefile (a l’identique ?)
    5min40: pose de cartons (qui me semblent être neuf et non les anciens restaurés)
    5min45: vérification que les dimensions du livre n’on pas bougé (sinon bon courage pour la repose du cuir)
    6min : le cuir restauré
    6min10: façonnage d’une carte à dos pour une discretionoptimale (c’est tout de même étrange de mettre une carte à dos. Cela ne correspond pas aux techniques de l’époque).
    6min45: repose du cuir

  3. Bien d’accord pour toutes les explications d’Eric et comme lui je suis perplexe quand au comblage des lacunes. La technique bien connue consiste à laisser s’écouler une supsension de pâte à papier à travers un tamis supportant la feuille à traiter, les fibres de cellulose se déposent à l’intérieur des trous ; dans le film, il semble que la feuille soit supportée par deux tamis, l’ensemble baignant dans le bouillon qui remue. Sans doute la video comporte-t-elle des raccourcis qui cachent les phases intermédiaires … les druides, même romains, ne dévoilent pas tous leurs secrets !

    René de BlC

  4. C’est vraiment bien d’avoir sous-titré chaque phase comme cela. Merci Eric.
    Je trouve aussi curieux la manière de combler les trous. Pourquoi la cellulose ne se dépose-t-elle pas aussi sur le texte encré ?
    T

  5. Il faut imaginer que la feuille à réparer, posée sur un tamis, constitue le fond d’un bac dans lequel on verse la suspension (très diluée) de pâte de cellulose. L’eau s’écoule par les trous entraînant avec elle les fibres qui sont arrêtées par les mailles du tamis.
    Il est évident que quelques fibres égarées se déposent sur le papier sain mais le gros du peloton est piégé au niveau des trous.
    Je n’ai jamais pratiqué cette technique et ma description est sans doute incomplète, voire inexacte.
    Peut-être un lecteur maîtrise-t-il parfaitement le procédé ? Je serais ravi de le connaître en détail.

    René de BlC

  6. Tout comme René, je n’ai pratiqué que le comblage manuel.

    Voici ce qu’écrit Adam au sujet du comblage mécanique (en 1984, les choses ont sûrement évoluées depuis) :
    « On peut l’utiliser lorsqu’on travaille sur des documents déreliés, pour boucher les innombrables petits trous de vers avec une pâte à papier. Ce procédé n’est utilisé que pour des documents peu précieux car il présente l’inconvénient de combler les lacunes avec une pâte compacte et de fragiliser le support original qui, au cours de l’opération, trempe dans l’eau et perd ainsi son encollage. Des recherches sont actuellement en cours et près d’aboutir dans les ateliers des Archives Nationales pour remédier à ce dernier défaut.

    Déroulement des opérations sur la machine à pulpe de papier (machine Vinyector employée à la Bibliothèque nationale):
    La machine est composée d’un grand bac comportant un tamis ou est fixé le document à restaurer.
    On rempli le bac d’eau.
    On prépare une pâte d’une densité correspondant à celle du document à restaurer à l’aide d’un mixeur.
    L’eau étant parvenue au niveau désiré, on y incorpore la pâte en mélangeant correctement.
    L’eau est aspirée, laissant la pâte en suspension boucher les trous, le document ressort, comblé et essoré.
    Ce procédé permet un rendement appréciable par rapport au travail manuel, et donne des résultats techniques satisfaisants. Lorsque les recherches d’encollage et de teinture seront au point un grand progrès aura été fait. »

    Eric

  7. C’est du beau travail, néanmoins :
    – y a t-il eu un travail de nettoyage des moisissures qu’on suspecte à l’analyse de l’ouvrage ?
    – quelle a été la technique de comblage de la couvrure en peau ? J’aurais bien voulu voir leur méthode.
    – il y a des réparations de papier qui ont du être effectuées en recoupant les coins et en recollant du papier (quand même très clair par rapport au papier initial), ou alors c’est intégralement du colmatage. Détail sur le site de la BNF, lien = http://www.bnf.fr/en/professionnels/conservation_fiches_pratiques/s.conservation_fiches_restauration.html?first_Art=non#SHDC__Attribute_BlocArticle1BnF
    – le travail de couture sur nerfs est remarquable de régularité, notamment en tête, où les feuillets sont quasi alignés (je pense qu’il n’y a pas eu de recoupe en tête ni de nouvelle apprêture des tranches).
    PEL

  8. Comme vous la technique de rebouchage des trous me parait peu claire.

    J’envoie la vidéo à un ami restaurateur de livres anciens au CICL pour explication. Ce n’est pas la technique utilisée chez eux.

    La vidéo est très belle et la musique, traduite par Éric, devient limpide… Pierre

  9. Hérésie…

    Résultat assez moche il faut bien l’avouer et on peut imaginer que le coût de cette restauration dépasse celui de l’ouvrage en bon état. J’exagère? Peut-être mais on est probablement pas loin de la vérité.

    H

  10. Merci à PEL pour l’adresse de la BNF, les explications sont très claires et « inspirantes ». La technique à la pipette est particulièrement astucieuse.
    Nul procédé de restauration ne peut offrir toutes les qualités et facilités souhaitées, chaque cas est particulier.
    Je sais que les puristes fabriquent eux-même la pâte à papier à parti de fragments anciens ce qui est probablement souhaitable à condition ques les fibres aient conservé toute leur intégrité.

    Longue vie aux Blogs de bibliophilie qui nous apprennent tant de choses intéressantes.

    René de BlC

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