Tout est parti d’une question. Comment faire de la gravure sans avoir un matériel qui coûte très cher et qui prend de la place, sans avoir des compétences artistiques importantes ? Le dessinateur Libon sur son blog Fabriqué à mains nues explique que le graveur amateur a trois possibilités » :
– la gomme taillée au cutter
– la patate taillée avec n’importe quel truc pointu
– le lino (ou linoleum) taillé avec une gouge. »
Il explique les avantages et les inconvénients de chacun en précisant bien qu’avec le lino « tu vas pas faire du Dürer avec, même si tu le veux de tout ton cœur ». Effectivement la gravure sur lino ne permet pas d’aller dans le détail et la précision, mais à l’essentiel. Parfait, c’est la technique qui me convient. Il ne me manque plus que le matériel et la marche à suivre pour me lancer.
« La gravure sur lino ou linogravure est « une technique dérivée de la gravure sur bois, où ce matériau est remplacé par le linoléum. Le dessin se fait en creusant certaines parties du bloc de linoléum à l’aide de gouges. La surface est ensuite encrée, puis couverte d’un papier sur lequel est exercée une pression. Les parties évidées ne sont pas encrées et laissent donc apparaître la couleur d’origine du papier. Le linoléum est souple, plus tendre donc plus facile à tailler que le bois » (Source : Wikipedia). Son utilisation remonte au début du XXe siècle, le lino ayant été inventé lui vers 1860.
Voici le matériel minimum pour faire de la linogravure :
– une plaque de lino (assez rigide, unie, tendre et claire (sans motifs), 3 mm d’épaisseur.
– un rouleau à encre pour linogravure (pour encrer la plaque)
– une gouge avec des embouts interchangeables
– un autre rouleau presseur (pour imprimer sur le papier). Je n’ai pas essayé mais à mon avis le rouleau à pâtisserie doit donner un résultat équivalent.
– de l’encre typographique
– un crayon à papier à mine grasse, une gomme
– du papier (pas trop fin) pour le tirage.
Il vous faudra aussi un plan de travail, du papier journal pour ne pas en mettre partout, une blouse (pour les maladroits), un chiffon, une plaque de métal, de bois ou autre pour étaler l’encre.
Matériel facultatif :
du papier carbone ou très fin pour le dessin du motif (si vous ne voulez pas que votre motif soit à l’envers), un bloc de serrage comme celui-ci (très pratique) :

J’allais oublier : il vous faut également et surtout de l’inspiration (sourire). Le plus difficile est en effet de trouver le motif que l’on va graver.
NB : si vous avez de l’argent vous pouvez acheter une presse manuelle à levier (à partir de 280 €) ou une presse à cylindre beaucoup plus chère et encombrante. Si vous voulez des tirages parfaits et de grande taille il faudra investir.
« Le beau lino est avant tout un heureux mariage des lumières et des ombres ». Roger Lallemand. La gravure du lino à l’école. Brochure d’éducation nouvelle populaire n°10.
On peut commencer en utilisant une photo, une peinture… Pour ma part je suis parti d’une photographie.
J’ai choisi d’utiliser une moitié de plaque de lino de format A5. Pour couper le lino c’est simple : il suffit d’utiliser un cutter en entaillant le lino puis de plier le lino pour couper les fils de la trame.
1ère étape : dessiner
Ensuite, vous pouvez dessiner directement sur la plaque (ce que j’ai fait) en sachant qu’à l’impression le motif sera dans l’autre sens, soit dessiner votre motif sur un papier calque, puis utiliser du papier carbone qui sera disposé entre la plaque et le papier calque afin de reporter votre motif à l’endroit sur la plaque. Vous pouvez également essayer en utilisant du papier très fin à la place du papier calque et sans utiliser de papier carbone.
Voici le dessin reproduit sur la plage de lino au crayon à papier :

2e étape : graver
Il s’agit d’enlever à l’aide d’une gouge les morceaux de lino en se rappelant bien que « ce qui sera enlevé ne sera pas imprimé. » J’avoue avoir effectué un autre essai avant celui-ci en enlevant uniquement les traits du dessin. Cela permet d’avoir un noir profond mais difficile à obtenir comme on peut le voir :

Je ne vais pas détailler les différentes sortes de gouges et rappeler que la gouge est un instrument dangereux, d’autres sites le font mieux que moi. Voici juste le résultat :
3e étape : l’encrage
Avant tout on aura préparé le papier pour l’impression s’il n’est pas déjà découpé… On met une bonne noisette d’encre sur une plaque (j’ai utilisé un morceau de bois), on imbibe le rouleau avec l’encre puis on passe le rouleau encreur sur la matrice. Il faut en mettre une bonne couche mais pas trop épaisse non plus.
4e étape : l’impression
Une fois la matrice pleine d’encre, prendre une feuille de papier, la caler au mieux sur la matrice puis utiliser le rouleau presseur en appuyant fortement partout. Il ne reste plus qu’à soulever délicatement la feuille et admirer le résultat :
On recommencera les opérations 3 et 4 autant de fois que nécessaire.
Laissez sécher les feuilles puis n’oubliez pas de les numéroter (1/10, 2/10…) et de signer votre composition en bas de la gravure en utilisant un crayon à papier. Vous pouvez également lui donner un titre.
Sources et liens utiles
Un site qui m’a aidé : Apprendre la linogravure par Blandine Sauloup
Fabriqué à mains nues, blog du dessinateur Libon. Il parle de ses expériences de gravure notamment dans cet article.
La gravure du lino à l’école. Brochure d’éducation nouvelle populaire n°10. Un peu datée (1938) mais très « main à la pâte ».
Atelier linogravure : des élèves d’arts plastiques initiés à la linogravure au Musée des Beaux-Arts de Dijon.
Les éditions de la Goulotte qui éditent des livres entièrement linogravés et imprimés à la main.
Léo Mabmacien
Léo ! quel résultat ! c’est très graphique, joliment composé, très réussi !
Merci merci Céline :-))))
Léo
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La linogravure, excellent support, très agréable et peu coûteuse. Par contre, il semblerait qu’il n’y ait plus possibilité de se procurer de lino naturel, souple. Si vous savez où il est encore possible d’en trouver, merci de me le communiquer !
Pour ma part je m’en procure au Géant des Beaux Arts.
Cordialement
Léo