Ce petit fascicule nous promet « deux heures de passion » par sa lecture pour la modique somme de 10 francs. La couverture est illustrée sur un fond rouge, le texte démarre immédiatement sans page de titre et compte 32 pages (agrafées) de format in-16 (16 x 10 cm).

La 4e de couverture permet de faire la publicité des autres titres de l’éditeur à paraître.

Les fascicules sont distribués par les MLP (Messageries Lyonnaises de Presse), donc distribués dans les kiosques à journaux. Les imprimeries Bellecour, au 14 rue de la Charité à Lyon, se sont chargées de l’impression (1951).

La collection « Deux heures » est éditée par les éditions du Carquois à Paris (localisée au 2 rue de Viarmes en 1951 puis à partir de 1952 au 19, rue d’Hauteville). Elle se décline en séries. Selon la 4e de couverture outre « Deux heures de passion avec » on trouve « Deux heures de voyages avec ». Chaque série semble avoir une parution bi-mensuelle. Les éditions du Carquois proposent également la collection Ciboulette (78 titres parus en 1951), bi-mensuelle, au prix de 20 francs de l’époque ainsi que la collection Amor-amor, mensuelle (29 titres parus) au prix de 45 francs.
En faisant une petite recherche dans le catalogue de la Bnf, j’ai trouvé d’autres collections éditées par les éditions du Carquois : Falbalas, Collection Détect-sport, et les séries « Deux heures d’extase avec », « Deux heures de mystère avec ». Ces collections se seraient arrêtées en 1952-53, ce type de publication étant très éphémères.
Les illustrations des couvertures sont l’œuvre en majorité de Louis Carrière que l’on retrouve directeur artistique des Editions des Remparts à Lyon (38 rue des Remparts d’Ainay). Ce qui nous amène à nous pencher sur cet éditeur et ses liens avec les Editions du Carquois.


Selon Philippe Videlier dans Le grand roman de la bande dessinée lyonnaise , « les éditions des Remparts avaient plusieurs particularités remarquables. En premier lieu, elles avaient des racines toulousaines et étaient issues d’une société, la S.T.A.E.L. qui éditait depuis 1946 des petits romans d’aventures pour adolescents. »
Active entre 1945 et 1950 à Toulouse, les éditions S.T.A.E.L. se retrouvent à Lyon et changent leur raison sociale pour celle des Editions des Remparts toujours selon Philippe Videlier. Curieusement les éditions du Carquois semblent bien une émanation (filiale ?) des éditions des Remparts puisque l’on trouve souvent les deux éditeurs associés pour des publications, que les fascicules du Carquois sont imprimés à Lyon et distribués par les MLP. La notice de la Bnf sur la collection Falbalas nous indique d’abord comme éditeur les éditions S.T.A.E.L puis les Editions du Carquois.
J’ai trouvé quelques explications complémentaires grâce à « Tonton Pierre, avec la collaboration de Frank Evrard » qui évoque également les Editions La Flamme d’Or qui aurait été une filiale des Editions des Remparts.
« Ces éditions [du Carquois] ont été créés en 1951 avec la collaboration de Georges Degandt (encore une connaissance de Roger Dermée), après avoir repris les publications des éditions STAEL de Toulouse. Marius Costes, déjà directeur/administrateur des éditions des Remparts, en assure la direction ; sans oublier Louis Carrière, l’illustrateur attitré du Carquois, lui-même faisant fonction de directeur artistique aux éditions des Remparts. Pas étonnant donc que “Le Carquois” rejoigne La Flamme d’Or rue d’Hauteville ».

« Courant 1955, les éditions de La Flamme d’Or se préparent à repasser sous la coupe de leur maison mère des éditions des Remparts à Lyon. Les éditions du Carquois sont elles aussi absorbées par les éditions des Remparts et les éditions d’Hauteville disparaissent, après avoir « repackagé » quelques invendus en les regroupant par deux volumes ». Je m’y perds un peu.
Tout cela reste sujet à confirmation.
Pour finir il est important de mentionner que les éditions du Carquois ont édité des comics dans les années 50 : la série Les trois scouts (1953-1954) et Banko (1955-1959). A partir de 1957 ce sont les éditions du Rempart à Lyon qui poursuivent la série.
Léo Mabmacien
En savoir plus :
Le site La bibliothèque d’Archibald propose un article sur Louis Carrière et retrace une partie des titres des différentes collections des éditions du Carquois.
L’excellent article de Philippe Videlier sur le grand roman de la bande dessinée lyonnaise.
Véritablement excellent !
On est au cœur de la littérature populaire qui se confond avec la « presse du cœur »
Les illustrations de couverture valent leur pesant de cacahuètes, avec leur suggestions tout en finesse. Le trait est sûr, les couleurs sont assez modernes (dégradés obtenus probablement à la gouache, à l’inverse des à-plats qui se pratiquaient dans la BD de cette époque).
Quant aux pseudonymes des auteurs, à eux-seuls ils constituent tout un poème.
Merci, Léo, pour cette nouvelle découverte très rafraîchissante.