Ex-libris d’André Boyer-Mas, ecclesiastique et diplomate ambigu


Etiquette ex-libris d’André Boyer-Mas au contreplat d’un livre du 19e siècle

Ecclesiastique et diplomate français, André Boyer-Mas (1904-1972) fut un personnage ambigu qui avait constitué une bibliothèque remarquable selon L’Intermédiaire des chercheurs et curieux (numéros 552 à 562, 1998).  Prêtre et professeur, il bénéficie d’excellentes relations avec le régime franquiste lors de la guerre d’Espagne, puis comme diplomate sous le régime de Pétain pendant la seconde guerre mondiale. Il s’en écarte pour rejoindre le mouvement gaulliste et aider les départs des français à l’étranger suite à l’appel du 18 juin 1940. Il eut notamment un rôle d’agent secret et fut camérier du Pape en 1941. Ses engagements inhabituels pour un homme d’église comme diplomate et agent secret, sa vie « décousue et fantasque » et ses positions politiques lui ont donné une réputation sulfureuse  :  » comment celui qui a été un temps l’informateur personnel du pape pouvait-il être aussi l’ami intime de l’actrice Cécile Sorel, laquelle était toujours émue quand elle évoquait ce « corps d’athlète moulé dans ses robes, [sa] taille de matador serrée dans ses larges ceintures » qui le faisaient apparaître tel un « Apollon en soutane » habillé par Balenciaga ? Comment cet honnête homme, d’une culture infinie et d’un autre temps, qui finit par posséder une bibliothèque de réputation nationale, pouvait-il être aussi le propriétaire d’un cheval de course nommé « Stalingrad »? » (Robert Belot, Aux frontières de la liberté).  C’est ainsi qu’il prit comme devise la parole de saint Paul, au chapitre VII de la 2e épître aux Corinthiens: « Per gloriam et ignobilitatem, per infamiam et bonam famam [ »Par l’honneur et le déshonneur, par la bonne et l’indigne renommée »], une devise que l’on retrouve sur son ex-libris en bonne place.

L’ex-libris d’André Boyer-Mas est très classique pour l’époque, avec son chapeau de dignité à six houppes et ses armoiries sur un écu. Il possédait un château à Saint-Jean de Luz que l’on retrouve sur l’écu, on peut voir un taureau (son côté matador ?), un baluchon à carreaux, souvenir de son pèlerinage ? A gauche et à droite de l’écu sont représentés la lune et le soleil, le côte agent secret et homme au grand jour, en tout cas porteur de sa réputation sulfureuse. En-dessous de la devise une planche en bois et dessus quelques livres et parchemins ainsi qu’une pyramide, symbolique maçonnique ? où selon Wikipedia « la pyramide représente la Lumière, l’éveil des Hommes qui se rapprochent de la vérité, des dieux ».

N’oublions pas le texte en latin en dessous du chapeau « caritas omnia sustinet » que l’on peut traduire par « l’amour supporte tout ». En bon catalogueur notre homme n’a pas oublié de donner un numéro d’inventaire à ce volume, le numéro 1533 et premier tome d’une série.

A sa mort la bibliothèque aurait été récupérée par son neveu et dispersée après, on trouve plusieurs volumes en vente avec son ex-libris sur Internet.

Source notamment utilisée :

Aux frontières de la liberté  [extrait du livre de Robert Belot Aux frontières de la liberté : Vichy – Madrid – ALger – Londres : s’évader de France sous l’occupation. Fayard, 1998]

Léo Mabmacien

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