Les faux titres dans les livres anciens


« Bastard title » : non non ce n’est pas la dernière expression à la mode parmi la jeunesse mais la traduction anglaise de faux-titre (avec ou sans trait d’union), ce titre un peu étrange qui a la prétention de se placer avant la page de titre proprement dite d’un livre. Le faux titre ou avant-titre est un titre abrégé placé au recto d’un feuillet avant le titre. Il est souvent d’une taille plus petite. Il se présente après la page de garde (qui fera l’objet d’un prochain article), imprimé sur la « première page impaire dite belle page » (Qu’est ce qu’un livre ?).

Il apparaît en France au début du 17e siècle et il sera couramment utilisé à partir de 1730. Selon Madeleine Sauvé dans « Qu’est ce qu’un livre ? » son origine remonterait à l’utilisation du titre frontispice et de son redoublement par une page typographique, puis l’usage du titre frontispice s’amenuisant, ne resterait plus que le « frontispice du pauvre ». Cela reste une hypothèse.

faux titre à droite
verso de la page de faux titre à gauche et page de titre à droite

Le faux titre, dépouillé par rapport à la page de titre de ses indications de lieu, de date, d’approbation…, prend (reprend) alors toute sa puissance d’évocation. Il va « fonctionner comme un signe de distinction éditoriale, propre à consacrer le titre d’une oeuvre en le dégageant en quelque sorte des contingences de sa publication » (Dictionnaire encyclopédique du livre). Quintessence du livre ?

Léo Mabmacien

PS : Le faux titre est toujours utilisé aujourd’hui.

Sources :

Dictionnaire encyclopédique du livre. Tome 2, E-M. Paris : Editions du Cercle de la Librairie, 2005. ISBN 2-7654-0910-2

Qu’est ce qu’un livre ? de la page blanche à l’achevé d’imprimer / Madeleine Sauvé. Québec : Fides, 2006. ISBN 978-2-7621-2614-3


15 réflexions au sujet de « Les faux titres dans les livres anciens »

  1. « Bastard title »! Vraiment drôle. :)
    Aussi le môt en italien – « l’occhietto » – devient très expressive.
    Léo, peut-être ça peut vous intéresser:

    Aspettando el frontespizio / Lorenzo Baldachini. – Milano : Silvestre Bonard, 2004
    ISBN 88-86842-77-5

    Un salud cordial,
    Sofia Simões

  2. Merci Sofia pour la référence. Il a l’air très intéressant cet ouvrage mais en italien cela va être compliqué pour moi. ;-))

    Bien amicalement
    Léo

  3. C’est vrai que les faux titres deviennent utiles à partir du 17ème siècle, tant les vrais titres deviennent longs et compliqués. On voulait tout dire sur la page de titre, comme on le fait de nos jours avec les bandes-annonces de films qui vous racontent toute l’histoire. Alors le faux titre devient le résumé du résumé de l’ouvrage.

    Bonne soirée
    Textor

  4. J’adore les titres à rallonge dans les livres anciens. Il faudra que je fasse un billet là-dessus…

    Léo

  5. Exmos Senhores/as:

    Adepta do papel no tempo do web, gostaria que me enviassem toda a informação acerca das vossas obras.

    Melhores cumprimentos.

    Merci de m’adresser toutes mes informations concernant vos ouvrages. Salutations distinguées.

    Rosario Duarte da Costa

  6. Bonjour,

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    Bien cordialement
    Léo

  7. Bonjour et merci pour cet article.

    Une question me hante : pourquoi, aujourd’hui, et même lorsque la première de couverture est totalement épurée, absolument tous les éditeurs commencent par (une feuille de garde puis) une page faux-titre puis une page titre ? En pleine crise du papier, alors que le lecteur vient de lire le titre sur la couverture, pourquoi systématiquement le lui répéter, deux fois ? Votre explication légitime son existence, mais je ne m’explique pas qu’elle soit systématique. Je viens de faire un tour dans ma bibliothèque, c’est du 100 %. Et encore plus intriguant finalement : pourquoi une page titre ? La quintessence du faux-titre, ok (encore que si c’était un simple parti pris de design, il ne devrait pas être universel et pourtant il l’est). Mais la page titre ? Sauf bien sûr cas particuliers (traducteurs à nommer, ou autre), mais pourquoi perdre systématiquement deux pages à refaire une couverture en ayant juste fait sauter la charte graphique de la couverture ?

    Éclairez-moi, je ne dors plus !

  8. bonjour, désolé j’étais en vacances. Bon autrefois on n’avait aucune page de titre ni de faux-titre ni de couverture avec les incunables. Cela fait plus classe non avec tout cela maintenant. Imaginez ces pages (comme les pages de garde) comme un rideau rouge au théâtre. On est amené à l’intérieur du livre tout doucement. J’espère avoir répondu à votre question. Léo

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