A l’heure des couvertures rose bonbon et abondamment illustrées, penchons nous donc sur cette fameuse couverture qui recouvre les livres et rend fou les éditeurs. Mon propos est limité à la France (comme souvent !) avec élargissements possibles.
Il a toujours existé autour des pages ou des rouleaux (codex et volumen) une protection pour éviter une perte du texte (le fait de ne pas exposer le texte aux frottements en est déjà une !). Avant la reliure proprement dite et réalisée par un relieur, le livre en cahiers « traîne » dans la librairie-imprimerie. L’habitude est prise de commencer le texte en laissant quelques pages blanches au début et à la fin du livre puis de réaliser une couverture d’attente. Bien vite on y ajoutera des indications comme le titre du livre , le nom de l’auteur…, informations minimales pour que le libraire s’y repère. Car il faut savoir qu’à l’époque (Ancien Régime) les ouvrages pouvaient se présenter de trois façons :
– vendus en feuilles (cahiers non reliés)
– brochés sous couverture d’attente
– reliés
Les ouvrages reliés sont en très petit nombre en librairie, d’abord pour une question de transport (livre non relié = moins lourd = moins de frais) et pour une question de goût de la part de la clientèle (clientèle riche qui choisit sa reliure !).
Le livre broché avec sa couverture d’attente se parera petit à petit d’informations (de la pièce de titre du dos au titre, auteur…sur la couverture) et sera l’ancêtre de la couverture imprimée moderne. Cela ne s’est pas fait d’un coup, les autres papiers (dominotés, à la colle, marbrés) étant aussi utilisés. Il faut attendre la fin du 18e siècle et surtout la Monarchie de Juillet (1830-1848) pour voir se développer les couvertures imprimées (appelées aussi couvertures typographiques).
Après la Révolution de 1789 et les crises qui ont suivi (fuite des anciens clients fortunés, crise de l’édition et fin de l’ère artisanale de l’imprimerie) , les livres reliés se font rares, l’acheteur se contentant de garder une édition brochée. Les éditeurs ont bien compris ce changement et après 1840 le client d’une librairie aura le choix entre trois présentations :
– livre broché sous une couverture imprimée
– livre cartonné (cartonnage d’éditeur)
– livre relié
La couverture prend à la fin du 19e siècle une importance primordiale comme argument de vente. Jusqu’à nos jours.
Vous remarquerez cependant la différence entre une couverture destinée à un vaste public et très illustré (éditions J’ai Lu par exemple) et une couverture sobre destinée à un ouvrage plus littéraire (« La Blanche » chez Gallimard par exemple).
Pour finir quelques photographies illustrant mon propos.
Source :
PETIT Nicolas. Aux origines de la couverture imprimée moderne. In Revue de la Bibliothèque nationale de France, n°12, 2002, p. 86-89
Léo Mabmacien
La couverture du « Jardin des supplices » est sobre, soit. Je n’en dirai pas autant du texte…
J’aime aussi les couvertures rempliées qui résistent bien au temps et permettent des illustrations élégantes. Pierre
Comme quoi une couverture sobre peut réserver des surprises….
Bien cordialement
Léo
Je n’avais jamais remarqué à quel point le dos du Répertoire du T. F. pastichait les dos à nerfs des reliures en cuir. Comme quoi, ce blog a le don de faire ouvrir les yeux !
Merci pour cet article intéressant.
Je viens d’acquérir deux vieux dictionnaires du 17e siècle
et chaque volume a une » couverture d’attente » qui est
semblable à cellle dont vous fournissez une photo.
Je reviendrai consulter votre blogue.
Permettez-moi de vous inviter au mien.
Merci Pierre,
Je vous ai rajouté à ma liste. Bonne idée les mots oubliés… le monde des livres anciens est vaste et plein de surprises.
Cordialement
Léo
[…] du 19e siècle entourés d’une cordelette et accompagnés d’un pochoir, vous savez ces livres brochés aux couvertures imprimées de différentes couleurs et peu recherchés des […]
je voulais savoir si les livres à couverture cartonnés du temps de la révolution possédaient un dos en cuir ou si le dos est lui aussi la plupart du temps cartonné. Si le dos est en cuir, le cuir est -il directement collé sur les feuilets cousus ou y a t-il une partie cartonnée?
Bonjour,
Le livre peut être cartonné (sans dos en cuir) ou en demi-reliure (le dos est en cuir). Le cuir dans le cas d’une demi-reliure peut être collé ou non (on parle dans ce cas de reliure à la Bradel : https://bibliomab.wordpress.com/2009/01/18/la-reliure-a-la-bradel-quesako/
Bien cordialement
Léo
[…] relié. Après la Révolution (pour plus de détails je vous invite à lire l’article sur la couverture des livres à travers les siècles) les livres reliés sont rares et peu à peu et l’édition brochée devient la norme. […]
[…] arrive que l’on trouve dans un livre ancien un avis au relieur. Pour rappel un livre est vendu soit en feuilles, soit broché sous couverture d’attente et parfois relié. L’imprimeur peut mettre un texte (souvent un feuillet isolé) à destination du relieur pour […]
[…] reliure, c’est à dire une reliure identique pour un même ouvrage. Nous avions déjà vu les différentes présentations du livre ancien à la vente sous l’Ancien Régime : en feuilles, broché, […]
[…] je reprends ce que j’avais dit dans un précédent article, il faut savoir qu’à l’époque (Ancien Régime) les ouvrages pouvaient se présenter de trois […]
[…] en feuilles, broché sous couverture d’attente ou encore relié. Comme je le rappelle dans un précédent article sur les couvertures de livres, le livre broché ou cartonné avec une couverture imprimée se […]
[…] au calendrier administratif qui comporte en 4e de couverture un petit texte de réclame (couverture typographique). On y apprend qu’André Brossier vend en gros et en détail […]
[…] en feuilles, broché sous couverture d’attente ou encore relié. Comme je le rappelle dans un précédent article sur les couvertures de livres, le livre broché ou cartonné avec une couverture imprimée se […]
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[…] avons déjà évoqué dans un précédent article la couverture des livres à travers les siècles et le fait que les ouvrages en vente en librairie pouvaient se présenter de trois façons : en […]
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